Chères toutes et tous, ce qui suit pourrait bien vous désorienter, car nous allons parler de mon premier accrochage d'étudiant en Art, et l'Art, chacun le sait, c'est sérieux.
...
...
Non j'déconne ! Détends ton slip, relâche tes sphincters (pas trop quand même) et prend donc un verre de grenadine à ma santé ! Nous allons parler de ces quelques menus travaux sous l'angle de la bonne ambiance et de la franche camaraderie. Expression de joie.
Youpiiiiii !
Je te voyais déjà te comprimer comme lors de ce vernissage pompeux où le galeriste est venu te demander, avec sa chouette cravate saumon fumé, ton avis sur cette "magnifique" oeuvre d'art (un parpaing de béton posé par terre... là... en plein milieu de la pièce... oui oui...). Ce à quoi tu as répondu "C'est... très subversif". Jolie pirouette, le galeriste exulte de ta réponse et tu gagnes le droit de t'enfuir vers les petits fours. Sauvé.
Toutefois je te vois tressaillir avec la même fièvre devant la perspective de me voir blablater sur mon travail, malgré ce verre de grenadine. Soit. Je m'en vais te masser les neurones avant que ceux-ci ne fondent devant ce qui - je te le concède - pourrait te paraître de prime abord quelque peu what the fuckesque.
Zou !
Toutefois je te vois tressaillir avec la même fièvre devant la perspective de me voir blablater sur mon travail, malgré ce verre de grenadine. Soit. Je m'en vais te masser les neurones avant que ceux-ci ne fondent devant ce qui - je te le concède - pourrait te paraître de prime abord quelque peu what the fuckesque.
Zou !
Je sais, les neurones ne se situent pas là…
Tu vas pas te plaindre quand même ?
Tu vas pas te plaindre quand même ?
Ces photos sont en réalité le résultat d'un pré-accrochage de mes travaux (oui, pré-accrochage. Car lors de nos bilans nous n'avons que 20 minutes pour accrocher tous nos travaux. Et mon copain Flash Gordon était en RTT ce jour là, je voulais pas l'emmerder). L'occasion de présenter nos six premiers mois d'études en école d'art. Ca en fait du taf.
C'est peut être l'occasion, pour ceux qui se posent la question, de comprendre ce qu'on y traficote dans ces écoles. Puisque moi-même, avant d'y entrer, je n'en avais qu'une vague idée.
Ouvre grand tes mirettes jeune étudiant en prépa art, et toi aussi papy qui essaie de comprendre ces camps de dégénérés.
La première année de Beaux Arts est une année charnière qui permet à l'étudiant d'explorer et d'appréhender un peu tout ce qui ce fait en art pour qu'il puisse faire sereinement le choix de sa spécialité en seconde année (ou de jarter comme un cloporte s'il n'a pas eu le bon sens de ce bouger un peu les fesses).
Ici à Toulouse, on aborde allègrement :
- La couleur
- Le dessin
- La gravure
- La sérigraphie
- Le volume
- La performance
- La photo
- La vidéo
- Le dessin numérique
- L'histoire de l'art
- L'histoire du cinéma muet
- La philosophie
- La méthodologie (pour apprendre à parler de son travail)
- La méthodologie de la recherche (ça c'est pour apprendre à bien bien chercher des trucs sur l'internet, et être sûr, vraiment vraiment sûr que les sources sont sérieuses. Voilà voilà.)
On aborde aussi des cours plus singuliers, conduits par l'excellente, humainement et pédagogiquement, Valérie Du Chéné (un peu de pub au passage, je touche une commission*). Ces cours sont davantage des ateliers de mise en pratique plastique au travers d'un process expérimental. (mais que me raconte-t-il celui là ?) Voilà plutôt :
- Ondes à sonder : atelier qui met en relation le travail du son et du dessin. J'entends quelque chose, je dessine quelque chose.
- Tomber dans l'espace : L'occasion de trouver son propre vocabulaire d'expression pour représenter l'espace.
- Les films ne poussent pas dans les arbres contrairement aux bananes qui mûrissent au soleil : ouai je sais... vous vous êtes dit "mais que diable font ces gens dans cet endroit sordide ?". Rassurez-vous, c'est plutôt cool en fait. Pour la petite histoire, cette phrase a été dite par Jean-Louis Comolli lors d'une conférence sur le cinéma à Lagrasse en 2012. Dans cet atelier, on visionne un film en entier, selon une sélection de Valérie, et nous devons dessiner ce film, à notre façon.
Voilà qui vous donne un bref aperçu de ce qu'on fait de nos journées qui, contrairement à ce que croient les mauvaises langues, sont bien remplies. Et ouai, tu pensais qu'on passait notre temps à boire des bières et faire des concours de pets ? Je t'offre une grenadine pour te consoler va.
De mon point de vue, les Beaux Arts c'est un peu comme Poudlard. C'est autant de magie, le Quidditch en moins.
Prêt pour la suite ?
Une grenadine ?
C'est peut être l'occasion, pour ceux qui se posent la question, de comprendre ce qu'on y traficote dans ces écoles. Puisque moi-même, avant d'y entrer, je n'en avais qu'une vague idée.
Ouvre grand tes mirettes jeune étudiant en prépa art, et toi aussi papy qui essaie de comprendre ces camps de dégénérés.
La première année de Beaux Arts est une année charnière qui permet à l'étudiant d'explorer et d'appréhender un peu tout ce qui ce fait en art pour qu'il puisse faire sereinement le choix de sa spécialité en seconde année (ou de jarter comme un cloporte s'il n'a pas eu le bon sens de ce bouger un peu les fesses).
Ici à Toulouse, on aborde allègrement :
- La couleur
- Le dessin
- La gravure
- La sérigraphie
- Le volume
- La performance
- La photo
- La vidéo
- Le dessin numérique
- L'histoire de l'art
- L'histoire du cinéma muet
- La philosophie
- La méthodologie (pour apprendre à parler de son travail)
- La méthodologie de la recherche (ça c'est pour apprendre à bien bien chercher des trucs sur l'internet, et être sûr, vraiment vraiment sûr que les sources sont sérieuses. Voilà voilà.)
On aborde aussi des cours plus singuliers, conduits par l'excellente, humainement et pédagogiquement, Valérie Du Chéné (un peu de pub au passage, je touche une commission*). Ces cours sont davantage des ateliers de mise en pratique plastique au travers d'un process expérimental. (mais que me raconte-t-il celui là ?) Voilà plutôt :
- Ondes à sonder : atelier qui met en relation le travail du son et du dessin. J'entends quelque chose, je dessine quelque chose.
- Tomber dans l'espace : L'occasion de trouver son propre vocabulaire d'expression pour représenter l'espace.
- Les films ne poussent pas dans les arbres contrairement aux bananes qui mûrissent au soleil : ouai je sais... vous vous êtes dit "mais que diable font ces gens dans cet endroit sordide ?". Rassurez-vous, c'est plutôt cool en fait. Pour la petite histoire, cette phrase a été dite par Jean-Louis Comolli lors d'une conférence sur le cinéma à Lagrasse en 2012. Dans cet atelier, on visionne un film en entier, selon une sélection de Valérie, et nous devons dessiner ce film, à notre façon.
Voilà qui vous donne un bref aperçu de ce qu'on fait de nos journées qui, contrairement à ce que croient les mauvaises langues, sont bien remplies. Et ouai, tu pensais qu'on passait notre temps à boire des bières et faire des concours de pets ? Je t'offre une grenadine pour te consoler va.
De mon point de vue, les Beaux Arts c'est un peu comme Poudlard. C'est autant de magie, le Quidditch en moins.
Prêt pour la suite ?
Une grenadine ?
Vous êtes d'une violence inouïe...
Afin de vous éviter la surchauffe et l'overdose de café (je vois vos yeux qui transpirent), je vais écrémer un peu tout ça en ne sélectionnant que quelques travaux.
La big installation que vous voyez là est un travail qui concerne le cours de Volume et qui répond au sujet sur l'informe et le fétiche contemporain. Sous cet intitulé qui peut faire un peu peur, il s'agit en fait d'une initiation à la sculpture contemporaine. Partir de peu, des matériaux simples, et arriver à construire du sens.
Et là vous me dites : "C'est pas faux"
Attends deux secondes, médisant personnage, la suite arrive :
La big installation que vous voyez là est un travail qui concerne le cours de Volume et qui répond au sujet sur l'informe et le fétiche contemporain. Sous cet intitulé qui peut faire un peu peur, il s'agit en fait d'une initiation à la sculpture contemporaine. Partir de peu, des matériaux simples, et arriver à construire du sens.
Et là vous me dites : "C'est pas faux"
Attends deux secondes, médisant personnage, la suite arrive :
Je vous méprise...
Aux Beaux Arts, l'instinct est ton meilleur pote. Ecoute le, et il te mènera loin.
Le mien m’a conseillé de me la jouer archéologue, façon Indiana Jones, hop, direction médiathèque ==>
Le mien m’a conseillé de me la jouer archéologue, façon Indiana Jones, hop, direction médiathèque ==>
Hmm fort intéressant tout ça...
Et ben figure toi que le dit instinct m'a conduit vers un dénommé Jacques Kerchache (ouai, comme ça, tout cuit… balèze hein ?). Un collectionneur français spécialiste des arts premiers. Il est parti dans les années 60 étudier l'art vaudou au Bénin. La Fondation Cartier pour l'art contemporain a réalisé un très bel ouvrage à l'occasion de l'exposition de 2011 Les Trésors du Vaudou qui retrace son travail et ses recherches. Je l'ai étudié, je m'en suis inspiré. Il a été mon matériau premier. (Arts premiers, matériau premier, excellent non ? ...Non ?)
Si tu cliques, tu pourras voir de près mon écriture de médecin.
Par la suite, j'ai eu la chance de trouver toute une caisse de bois flotté dans la rue (ouai je sais, je suis vernie). Je venais de trouver mon support de création. C'était pile ce qu'il me fallait !
Après, il s'agissait de se lancer (pas physiquement hein) dans la réalisation. Honnêtement, je ne savais pas trop quoi faire... Ces bouts de bois étaient déjà très esthétiques, j'avais dans l'intention d'intervenir dessus comme le font les féticheurs, quand soudain ma professeur surgit de l'ombre pour m'avertir de l'erreur sémantique que j'allais commettre (imaginez la scène où Gandalf fait les gros yeux à Bilbon au début du Seigneur des Anneaux. Les choquottes, les vrais).
"Tu t'apprêtes à reproduire ce que d'autres ont déjà fait sans y apporter ton propre point de vue. Ce serait dommage. Concentre toi plutôt sur l'acte de création"
Diantre, c'est pas faux...
En considération de ces sages paroles, j'ai tenté de distiller un des gestes forts du processus créatif des féticheurs, et j'ai choisi la ligature par accumulation. C'est ce qui - à mon sens - revient le plus souvent dans la pratique vaudou. Et là vous vous dites tout naturellement "Mais pourquoi diable n'as tu pas usé de tout le cortège d'accessoires qui sied tant à cette pratique occulte ?".
Vous êtes drôlement observateur dis donc !
C'était un peu le piège de mon projet. Les clous, cadenas, miroirs, enduits sacrificiels, et j'en passe et des meilleurs, sont des objets déjà bourrés de symbolique, et même pour les plus avisés, il est toujours délicat de jouer avec les icônes, symboles et autres signes ostentatoires.
Après, il s'agissait de se lancer (pas physiquement hein) dans la réalisation. Honnêtement, je ne savais pas trop quoi faire... Ces bouts de bois étaient déjà très esthétiques, j'avais dans l'intention d'intervenir dessus comme le font les féticheurs, quand soudain ma professeur surgit de l'ombre pour m'avertir de l'erreur sémantique que j'allais commettre (imaginez la scène où Gandalf fait les gros yeux à Bilbon au début du Seigneur des Anneaux. Les choquottes, les vrais).
"Tu t'apprêtes à reproduire ce que d'autres ont déjà fait sans y apporter ton propre point de vue. Ce serait dommage. Concentre toi plutôt sur l'acte de création"
Diantre, c'est pas faux...
En considération de ces sages paroles, j'ai tenté de distiller un des gestes forts du processus créatif des féticheurs, et j'ai choisi la ligature par accumulation. C'est ce qui - à mon sens - revient le plus souvent dans la pratique vaudou. Et là vous vous dites tout naturellement "Mais pourquoi diable n'as tu pas usé de tout le cortège d'accessoires qui sied tant à cette pratique occulte ?".
Vous êtes drôlement observateur dis donc !
C'était un peu le piège de mon projet. Les clous, cadenas, miroirs, enduits sacrificiels, et j'en passe et des meilleurs, sont des objets déjà bourrés de symbolique, et même pour les plus avisés, il est toujours délicat de jouer avec les icônes, symboles et autres signes ostentatoires.
Mais genre vraiment délicat...
Dans le Vaudou, leurs associations résultent d'une intention bien particulière qui donne au fétiche tout son pouvoir. Et moi je ne suis pas féticheur, je ne puis que m'inspirer de cette pratique et trouver mon propre langage. Sans oublier qu'il ne s'agissait évidemment pas de trouver une réponse à un sujet, mais bien de trouver des clés pour amorcer une démarche de projet et surtout de prendre du plaisir à ce qu'on fait (bah oué ! On est pas des bêtes hein).
Bon, avec tout ça, fallait quand même commencer à bosser. Let's do it !
J'ai accroché, enroulé, ligaturé, attaché, suspendu, au début un peu au hasard, puis petit à petit j'ai donné une forme, une cohérence.
Cette suspension en l'état ne me suffisait pas. J'ai laissé mûrir l'idée pendant quelques temps, je cogitais…
Et d’un coup d’un seul, je me suis souvenu d’un évènement marquant datant d’un voyage en pays hispanique (trépidant n’est ce pas ?). En effet, un voyage à Barcelone où j’ai pu visiter la maison d’Antoni Gaudí, l'architecte espagnol à qui on doit notamment le parc Güell, des architectures étonnantes et surtout la Sagrada Familia. Dans cette maison, on peut justement découvrir comment Gaudi s’y est pris pour réaliser la maquette de ce monument hors du commun. Images :
Bon, avec tout ça, fallait quand même commencer à bosser. Let's do it !
J'ai accroché, enroulé, ligaturé, attaché, suspendu, au début un peu au hasard, puis petit à petit j'ai donné une forme, une cohérence.
Cette suspension en l'état ne me suffisait pas. J'ai laissé mûrir l'idée pendant quelques temps, je cogitais…
Et d’un coup d’un seul, je me suis souvenu d’un évènement marquant datant d’un voyage en pays hispanique (trépidant n’est ce pas ?). En effet, un voyage à Barcelone où j’ai pu visiter la maison d’Antoni Gaudí, l'architecte espagnol à qui on doit notamment le parc Güell, des architectures étonnantes et surtout la Sagrada Familia. Dans cette maison, on peut justement découvrir comment Gaudi s’y est pris pour réaliser la maquette de ce monument hors du commun. Images :
Il s’agit d’une structure polyfuniculaire.
Plait-il ?
Pas de panique noble lecteur. Il s’agit ni plus ni moins que de fils et de petites cordelettes auxquels on suspend des poids. Et par le biais d’un miroir qui renverse l’image, on peut voir apparaitre la forme comme si nous étions au dessus. C’est prodigieux. cela a permis entre autre à Gaudi de réajuster son architecture pour que celle-ci soit réalisable.
De fait, comme ma structure comportait les mêmes caractéristiques techniques (cordages, bois suspendus faisant office de poids et forme pyramidale inversée), je me suis mis en quête de dégoter un miroir suffisamment grand pour refléter la totalité du volume, et ce, sans dépenser un centime.
Oui… je te l’accorde… c’était une quête relativement hardcore… Mais c'était sans compter mon infâme fourberie, et mon talent pour la furtivité, niark niark niark.
De fait, comme ma structure comportait les mêmes caractéristiques techniques (cordages, bois suspendus faisant office de poids et forme pyramidale inversée), je me suis mis en quête de dégoter un miroir suffisamment grand pour refléter la totalité du volume, et ce, sans dépenser un centime.
Oui… je te l’accorde… c’était une quête relativement hardcore… Mais c'était sans compter mon infâme fourberie, et mon talent pour la furtivité, niark niark niark.
Prend garde à toi, étudiant distrait, je pourrais te planter violemment mes patounes griffues sur tes mollets charnus...
Figurez vous qu’au cours de mes aventures dans les étages supérieurs des Beaux Arts, je l’ai vu… LE miroir qu’il me fallait… Seulement voilà, il était bien gardé le bougre. Toute une cohorte de troisième année montait la garde jour après jour avec une vigilance à toute épreuve. Il me fallait un plan.
J’ai guetté une semaine durant le moindre mouvement de troupe, dérobé la liste des affectations, il ne me manquait qu’une chose. Une équipe. J’ai fait appel à Julie. Nom de code : Kakino sensei. Maitresse des arts martiaux, elle maitrise parfaitement la subtilisation d'objets encombrants et est capable d’intervenir en terrain hostile quelque soit le nombre des opposants.
J’ai guetté une semaine durant le moindre mouvement de troupe, dérobé la liste des affectations, il ne me manquait qu’une chose. Une équipe. J’ai fait appel à Julie. Nom de code : Kakino sensei. Maitresse des arts martiaux, elle maitrise parfaitement la subtilisation d'objets encombrants et est capable d’intervenir en terrain hostile quelque soit le nombre des opposants.
Mon opération ne pouvait échouer
Debrief de la mission : Ca a marché comme sur des roulettes.
J’avais tout ! Le fond, la forme, il ne me suffisait plus que d’installer tout ça, bien propre, et de prendre quelques photos, que voici :
J’avais tout ! Le fond, la forme, il ne me suffisait plus que d’installer tout ça, bien propre, et de prendre quelques photos, que voici :
Et pour la petite histoire, le miroir est en fait une oeuvre d’art d’un des artistes ayant participé au festival du Printemps de Septembre à Toulouse, et je ne sais pas qui. J’en profite donc pour te dire merci, à toi artiste inconnu, qui m’a permis d’obtenir tous mes crédits ce semestre. je te propose, en guise d’amitié, un classique, mais néanmoins sincère, High Five de circonstance :
Merci vieux
Voilà qui conclut ce premier article ! J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire.
Vos réactions, commentaires, indignations, orgasmes et autres facéties m'intéressent, n'hésitez pas à m'en faire part :)
A bientôt !
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* C'est pas vrai...
* C'est pas vrai...